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La circulation des artistes comme des souverains entre la France et l'Angleterre au XVIIe siècle a permis d'affirmer outre-Manche des genres extrêmement originaux : premiers récitatifs, grands airs de Mask, "scènes" dramatiques constituent un riche terrain d'expérimentations préparant la naissance du semi-opéra... Sébastien Daucé propose d'explorer cet art vocal anglais en offrant un programme taillé sur mesure à l'une des voix les plus fascinantes d'aujourd'hui : Lucile Richardot, au coeur de l'écrin de l'ensemble Correspondances, lie avec subtilité musique, amour, nuit et mélancolie.

Aussi bien César Franck, Camille Saint-Saëns, que Thierry Escaich, représentent des personnalités emblématiques d'une lignée de compositeurs unis pour avoir compté parmi les plus grands organistes et improvisateurs de leur temps. Cet enregistrement propose un portrait croisé de leurs oeuvres pour piano, mettant en valeur la forte empreinte dont cette vocation a marqué leur création pianistique. En figure tutélaire, la voix de J.S. Bach sera ici représentée par l'intermédiaire de Ferruccio Busoni, qui se consacra à l'étude de la transcription au piano des oeuvres pour orgue du Cantor. Un jeu de miroirs auquel se livre avec talent la jeune pianiste Marie Ange Nguci.

En s'attaquant à ''Norma'' de Vincenzo Bellini, un des plus célèbres opéras du romantisme italien, Cecilia Bartoli a souhaité rendre justice à ce chef-d'oeuvre avec une version qu'elle a voulue fidèle à la vision du compositeur et à l'esprit du bel canto. Elle s'appuie aujourd'hui sur une nouvelle édition critique de la partition, spécialement conçue pour ce projet, qui rétablit l'orchestration originale, ainsi que les tempi et nuances indiqués par Bellini. Enfin, l'Orchestra La Scintilla, dirigé par Giovanni Antonini, joue ici sur des instruments anciens du début du XIXème siècle. Il n'y a qu'à écouter l'air le plus célèbre de cet opéra, ''Casta Diva'', pour se rendre compte que cette reconstruction méticuleuse agit comme un bain de jouvence : l'introduction jouée sur une flûte ancienne, puis cette prière chantée pianissimo par Cecilia Bartoli...

Pour fêter les 300 ans de la naissance du 1er livre du Clavier bien tempéré, Julien Libeer a choisi de nous le présenter sous un éclairage inhabituel : il met ici en "conversation" tous les préludes et fugues majeurs avec des compositions (dans la tonalité mineure correspondante) de musiciens qui ont prolongé les acquis de cette somme musicale fondatrice. Mozart, Beethoven, Chopin, Rachmaninov, Ligeti ou en encore Schoenberg viennent ainsi dialoguer avec le Cantor dans ce vertigineux jeu de miroir...

Les pièces figurant sur cet album ont été composées à différents moments de la vie de Debussy et reflètent plusieurs facettes du compositeur, allant du jeune homme en pleine élaboration de son style au maître assurément confiant de son écriture. Le disque s'ouvre avec Printemps, pièce à l'origine pour choeur, piano et orchestre écrite en 1887 pendant le séjour de Debussy en Italie après avoir été récompensé du Prix de Rome. La pièce Nocturnes qui clot l'enregistrement est une des compositions pour orchestre de Debussy les plus appréciées.

Parmi les plus illustres figures du piano espagnol de notre temps, Joaquin Achuccaro a signé des enregistrements des Goyescas ou des Nuits dans les Jardins d'Espagne essentiels et historiques au plein sens du terme. On aurait cependant bien tort de réduire l'interprète au champ de la littérature ibérique. La musique allemande compte aussi beaucoup dans son univers et, à côté de Beethoven et de Brahms, Schumann est depuis toujours présent à son répertoire. Extraordinairement attentif aux spécificités de la rythmique schumanienne, Joaquin Achucarro signe une Fantaisie et des Kreisleriana dont la vie intérieure est rendue plus fascinante encore par la richesse inouïe de son toucher.

Entre une musique profane inspirée de transcendance et une musique sacrée théâtralement incarnée, Geoffroy Jourdain nous invite à prendre part aux multiples expressions des passions humaines : autour de plusieurs Crucifixus (dont ceux de Lotti extraordinairement doloristes), cette nouvelle aventure des Cris de Paris nous engage à suivre un audacieux chemin de croix au coeur de la musique baroque vénitienne.

Shani Diluka explore dans cet album la relation spirituelle voire filiale encore peu connue entre CPE Bach et WA Mozart. Sur une copie moderne du Walter 1790, piano préféré de Mozart, l'artiste nous offre une lecture inédite des oeuvres des deux compositeurs. Elle approfondit notamment une problématique propre à l'époque classique, celle du diapason et des tempéraments et en révèle les plus infimes secrets au travers d'une interprétation éclairée et virtuose, accompagnée par l'Orchestre de Chambre de Paris et Ben Glassberg à la direction.